L’expérimentation durera 9 ans. En 2024, une canopée agrivoltaïque, installée à Saint-Ouen-des-Besaces, commencera à produire de l’électricité. Et ce ne sera pas son seul rôle…

Installé en Gaec avec Daphnée, son épouse, cet agriculteur en polyculture-élevage a accepté de prendre part à une expérimentation grandeur nature.

 

Une canopée solaire

Dans une de ces parcelles, dont il loue le volume, à Saint-Ouen-des-Besaces (Souleuvre-en-Bocage), une canopée solaire est sortie de terre. Sur une surface de 3.4 ha, 5 192 modules photovoltaïques ont été installés.

Ces panneaux rotatifs généreront de l’électricité et un ombrage tournant sur la parcelle, sans priver le sol des eaux de pluie et les plantes des bienfaits de la photosynthèse.

 

En accord avec lui-même

« Aujourd’hui, je n’ai plus que 20 ha de labour contre 150 ha de prairie. Toute la surface sert à l’alimentation des bovins. On peut dire qu’on est autonome à 98 %. »

Pour être toujours plus en accord avec lui-même, il modernise son exploitation : il y installe un méthaniseur puis un séchoir.

« Depuis mon installation, en 2004, les bovins sont toujours en bâtiment. Ils souffrent beaucoup des changements de température. Si on leur laissait le choix, ils resteraient toujours à l’abri », constate-t-il.

Le Gaec compte aujourd’hui sept salariés pour 350 bovins dont 120 laitières. Alors, après des périodes de canicule et de sécheresse, cette ombrière s’est révélée pour lui une formidable opportunité.

« On va pouvoir opérer un retour au pâturage tout en offrant du confort à l’animal. »

 

Les faits et gestes du troupeau scrutés

Pour en être certain, les faits et gestes du troupeau seront scrutés… pendant 9 ans !

« L’Institut de l’élevage (Idele) viendra faire des relevés tous les mois. » Grâce à une salle de traite et une étable entièrement robotisées, la production de lait, mais aussi les allers et venues des vaches tout comme la quantité de fourrage ingérée seront analysées.

« Dans une autre parcelle-test, sans canopée, un second troupeau sera également étudié. » Objectif : comprendre l’impact de cette ombrière photovoltaïque sur les bovins et sur les plantes qu’il soit positif ou non.

« Ma crainte, ce sont les champs magnétiques. Je suis confiant. À la base, j’étais en réflexion. Je voulais poser des panneaux photovoltaïques sur les toits des bâtiments », assure celui qui se dit rassuré par le suivi de l’institut de recherche.

Deux autres canopées solaires sont d’ores et déjà en activité, dans la Somme et la Haute-Saône.

« Même si on a deux années de recul, que les premiers retours sont encourageants et que l’on croit au projet, il faut s’assurer que cela remplit les objectifs », reprend Yoann Bizet.

Ainsi protégé du stress thermique, le fourrage qu’il récoltera pourrait être de meilleure qualité.

« Ce qu’on veut, comme toute entreprise, c’est gagner de l’argent, mais on veut aussi faire des projets intelligents, bénéfiques pour l’environnement et pour la société. Celui-là répond à deux enjeux d’avenir : nourrir la population et produire de l’électricité. »